Vous louez votre bien en courte durée (Airbnb, location saisonnière, bail mobilité) et votre locataire refuse de partir ou ne paie plus? La procédure d'expulsion pour locations courtes durée est DIFFÉRENTE des baux classiques. Plus rapide en théorie (3-6 mois au lieu de 12-24 mois), mais semée de pièges juridiques. Voici le guide complet 2024 pour récupérer votre bien légalement.
Location Courte Durée vs Bail Classique: Cadre Juridique Différent
Première chose à comprendre: les locations de courte durée ne sont PAS régies par la loi du 6 juillet 1989 qui protège les locataires classiques. Elles relèvent du Code civil (articles 1713 et suivants) sur le louage de chose.
Qu'est-ce qu'une Location Courte Durée?
Une location est considérée comme "courte durée" ou "saisonnière" si:
- Durée inférieure à 90 jours consécutifs (3 mois)
- Pas de résidence principale pour le locataire
- Usage temporaire: vacances, déplacement professionnel, études
- Meublée avec équipements complets (vaisselle, literie, etc.)
Cette distinction juridique a des conséquences majeures sur votre capacité à expulser rapidement.
Avantages de la Location Courte Durée pour l'Expulsion
Les locations courtes durée offrent moins de protection au locataire:
- Pas de préavis obligatoire: vous pouvez résilier à la date prévue au contrat
- Pas de droit au renouvellement: le contrat expire automatiquement
- Procédure plus rapide: 3-6 mois en moyenne (vs 12-24 mois pour bail classique)
- Moins de recours: le locataire a moins de protections juridiques
Mais attention: malgré ces avantages, vous NE POUVEZ PAS faire justice vous-même.
Erreur Fatale: L'Expulsion Sans Jugement
Beaucoup de propriétaires pensent qu'une location Airbnb de 2 semaines leur permet de changer les serrures si le locataire ne part pas. FAUX ET ILLÉGAL.
Ce Que Vous Ne Pouvez PAS Faire (Même en Location Courte Durée)
- Changer les serrures sans décision de justice
- Couper l'eau, l'électricité ou le chauffage
- Retirer les meubles ou effets personnels du locataire
- Forcer physiquement le locataire à partir
- Faire appel à une société de sécurité privée
Sanctions: jusqu'à 3 ans de prison et 30 000€ d'amende pour violation de domicile (article 226-4 du Code pénal). Le locataire peut vous poursuivre pour dommages et intérêts, et vous perdrez votre procédure d'expulsion.
La Seule Voie Légale: La Procédure Judiciaire
Même pour une location de 3 jours où le locataire refuse de partir, vous DEVEZ obtenir une décision de justice et faire appel à un commissaire de justice (huissier) pour l'expulsion.
Procédure d'Expulsion Location Courte Durée: 5 Étapes
Étape 1: Mise en Demeure (Jour 1-7)
Dès le jour suivant la fin prévue du contrat (ou le premier impayé), envoyez une mise en demeure par:
- Lettre recommandée avec accusé de réception (LRAR)
- Ou acte d'huissier (recommandé, coût: 150-200€)
La mise en demeure doit mentionner:
- La date de fin du contrat de location
- Le motif de l'expulsion (fin de contrat ou impayés)
- Un délai de 48-72h pour quitter les lieux
- Les conséquences en cas de refus (procédure judiciaire)
Si le locataire ne réagit pas sous 72h, passez à l'étape 2.
Étape 2: Assignation au Tribunal (Jour 7-30)
Faites rédiger une assignation en référé (procédure d'urgence) par un avocat. Pour les locations courtes durée, le référé est possible car:
- Le contrat a expiré (urgence évidente)
- Vous subissez un préjudice (perte de revenus locatifs)
- Le droit est clair (pas de contestation possible sur la fin du bail)
L'huissier signifie l'assignation au locataire. Délai entre assignation et audience: 15 jours à 1 mois (beaucoup plus rapide qu'une procédure au fond).
Coût: 400-800€ (avocat) + 150-200€ (signification par huissier) = 600-1 000€ total.
Étape 3: Audience en Référé (Jour 30-60)
Le juge des référés examine votre dossier. Il vérifie:
- La validité du contrat de location courte durée
- La date de fin prévue au contrat
- Les preuves de mise en demeure
- L'absence de raison légitime du locataire pour rester
Le juge rend généralement sa décision dans les 8-15 jours suivant l'audience. Pour les locations courtes durée avec contrat clair, le taux de réussite est de 95%.
Si le locataire prétend avoir un bail classique (et non saisonnier), le juge peut renvoyer l'affaire au fond, rallongeant la procédure de 6-12 mois. D'où l'importance d'un contrat CLAIR mentionnant "location saisonnière" ou "bail mobilité".
Étape 4: Ordonnance et Commandement de Quitter (Jour 60-90)
Une fois l'ordonnance obtenue, l'huissier signifie au locataire un commandement de quitter les lieux avec un délai de:
- 2 mois pour les locations courtes durée standard
- 1 mois si le juge a accordé l'exécution provisoire (fréquent en référé)
Attention: la trêve hivernale (1er novembre - 31 mars) peut s'appliquer, même aux locations courtes durée, si le locataire prouve qu'il n'a pas d'autre logement. Cette zone grise juridique est un risque majeur.
Étape 5: Expulsion Physique (Jour 90-120)
Si le locataire n'est toujours pas parti après le délai, l'huissier procède à l'expulsion forcée:
- Réquisition de la force publique si nécessaire (police)
- Ouverture du logement par serrurier
- Évacuation des effets personnels (stockés à vos frais pendant 2 mois)
Coût de l'expulsion: 500-1 200€ selon la résistance et la quantité d'affaires à évacuer.
Cas Spécifique: Bail Mobilité (1 à 10 Mois)
Le bail mobilité (loi ELAN) est un contrat spécifique de 1 à 10 mois non renouvelable. Il suit des règles légèrement différentes:
Procédure Simplifiée
- Fin automatique: le bail prend fin automatiquement à la date prévue, sans congé à donner
- Pas de renouvellement ni reconduction: le locataire DOIT partir
- Référé encore plus rapide: 2-3 mois de procédure totale
Erreur à Éviter: Accepter un Renouvellement Tacite
Si vous laissez le locataire rester après la fin du bail mobilité sans réagir, le bail peut être requalifié en bail classique de 3 ans. Vous perdez alors tous les avantages du bail mobilité.
Règle: dès J+1 après la fin du contrat, envoyez la mise en demeure. Ne tolérez AUCUN dépassement.
Trêve Hivernale: S'Applique-t-elle aux Locations Courtes Durée?
Question juridique complexe. La trêve hivernale (1er novembre - 31 mars) suspend normalement toutes les expulsions locatives. Mais pour les locations saisonnières:
Jurisprudence Contradictoire
- Position majoritaire: la trêve hivernale ne s'applique PAS aux locations saisonnières car elles ne constituent pas la résidence principale du locataire
- Exception: si le locataire prouve qu'il n'a plus d'autre logement et que votre location est devenue sa résidence de fait, la trêve peut s'appliquer
Risque Pratique
Un juge peut refuser l'expulsion entre novembre et mars si le locataire est en situation de vulnérabilité (famille avec enfants, personne âgée, handicap). Anticipez ce risque en lançant la procédure dès septembre pour obtenir le jugement avant novembre.
Cas Réel: Location Airbnb à Bordeaux Qui Tourne Mal
M. Bernard loue son studio à Bordeaux (450€/semaine) via Airbnb pour 2 semaines en septembre 2024. Les locataires, un couple avec un bébé, refusent de partir à la fin du séjour, invoquant des "difficultés financières".
M. Bernard commet l'erreur de patienter 3 semaines avant d'agir, pensant que "ça va se régler". Erreur. Le couple s'installe, reçoit du courrier à cette adresse, et change le discours: "C'est devenu notre résidence principale".
Procédure lancée en octobre, audience en novembre. Le juge refuse l'expulsion immédiate car:
- Présence d'un bébé de 6 mois (protection spéciale)
- Trêve hivernale approchant (1er novembre)
- Le couple a effectivement fait de ce logement leur résidence (domiciliation, courrier)
Résultat: expulsion reportée au 1er avril 2025 (fin de trêve). M. Bernard a perdu 7 mois de loyers (3 150€) + frais de procédure (1 200€) = 4 350€ de perte pour une location initialement prévue de 2 semaines.
Leçon: agir immédiatement (J+1) et avoir un contrat blindé mentionnant "location saisonnière temporaire".
Délais Moyens d'Expulsion Location Courte Durée (2024)
Scénario | Délai Total |
---|---|
Locataire coopératif (part après mise en demeure) | 1-2 semaines |
Référé avec exécution rapide (hors trêve) | 3-4 mois |
Référé avec trêve hivernale | 6-8 mois |
Requalification en bail classique (pire scénario) | 12-18 mois |
Stratégies de Prévention
1. Contrat Ultra-Clair
Votre contrat doit mentionner explicitement:
- "Location saisonnière au sens des articles 1713 et suivants du Code civil"
- Durée PRÉCISE: "du 15/09/2024 au 29/09/2024, soit 14 jours"
- "Le locataire reconnaît que ce logement n'est PAS sa résidence principale"
- "Aucun renouvellement ni reconduction tacite n'est possible"
2. État des Lieux d'Entrée et de Sortie Rigoureux
Faites systématiquement un état des lieux contradictoire avec le locataire (ou par huissier pour plus de sécurité). Cela prouve la date de début ET de fin prévue.
3. Garantie Visale pour Bail Mobilité
Si vous utilisez le bail mobilité, exigez la garantie Visale d'Action Logement. Elle couvre les impayés et accélère le recouvrement.
4. Réagir Immédiatement (J+1)
Ne laissez JAMAIS passer plus de 48h après la date de fin prévue. Chaque jour d'attente renforce la position du locataire.
FAQ: Expulsion Location Courte Durée
Puis-je expulser moi-même un locataire Airbnb qui refuse de partir?
Non, même pour une location de 3 jours, vous devez obtenir une décision de justice. Toute expulsion sans jugement est un délit pénal (jusqu'à 3 ans de prison et 30 000€ d'amende).
La trêve hivernale s'applique-t-elle aux locations Airbnb?
Théoriquement non, car les locations saisonnières ne sont pas des résidences principales. Mais en pratique, un juge peut l'appliquer si le locataire prouve qu'il n'a pas d'autre logement. Zone grise juridique.
Combien de temps prend une expulsion en location courte durée?
En moyenne 3-6 mois via référé, contre 12-24 mois pour un bail classique. Mais peut atteindre 6-8 mois avec trêve hivernale, ou 12-18 mois si le bail est requalifié en bail classique.
Puis-je utiliser la clause résolutoire pour une location saisonnière?
Non, la clause résolutoire s'applique aux baux régis par la loi de 1989. Les locations saisonnières relèvent du Code civil et n'ont pas besoin de clause résolutoire (le contrat expire automatiquement).
Que faire si le locataire prétend que c'est devenu sa résidence principale?
Si le locataire prouve qu'il a fait de votre logement sa résidence principale (domiciliation, courrier, factures), le juge peut requalifier le contrat en bail classique. Vous perdez alors l'avantage de la procédure rapide. D'où l'importance d'un contrat clair et d'une réaction immédiate.
Ce Que Nous Pouvons Faire Pour Vous
Notre cabinet d'avocats spécialisés en droit immobilier vous accompagne dans vos procédures d'expulsion de locations courtes durée:
- Audit de votre contrat: vérification de la conformité et des protections
- Rédaction de mise en demeure efficace et juridiquement solide
- Référé d'expulsion: assignation, audience, obtention du jugement en 3-4 mois
- Défense en cas de requalification: si le locataire prétend que le bail est classique
- Coordination avec l'huissier pour l'expulsion physique
Ne perdez pas de temps. Chaque jour compte en location courte durée. Une réaction rapide peut diviser vos délais par 3.
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Sources juridiques:
- Code civil, articles 1713 et suivants (louage de chose)
- Code pénal, article 226-4 (violation de domicile)
- Loi ELAN (bail mobilité)
- Jurisprudence Cour de cassation sur trêve hivernale et locations saisonnières